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Achille99 committed Jun 4, 2024
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<p>Le <title>Liber Hynotheon</title> est un texte… [résumé]</p>
<p>Le <title>Liber Hynotheon</title> Au sein des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, un manuscrit classé sous la côte 5 Fb1 porte le nom de Liber Hynotheon. Transcrit sur du papier, il est constitué de 9 feuillets cousus ensemble. L’auteur indique que ce livret serait la traduction en latin d’une œuvre plus ancienne écrite en chaldéen, celle-ci recèlerait les secrets de la magie du très sage Salomon. L’œuvre révèle que le monde est divisé en différentes « altitudes » ou plans, chacune dénommée selon les points cardinaux : il y a neuf altitudes orientales, sept occidentales, cinq méridionales et trois septentrionales. Chacune d’entre elles porte un nom qui lui est propre, et les « princes » qui y demeurent possèdent des pouvoirs particuliers, comme par exemple celui de favoriser la croissance des fruits. Les princes d’une altitude donnée peuvent être invoqués à une heure et un jour précis, et à chaque altitude correspond une odeur et une couleur spécifiques. À la suite de préparatifs complexes (ou preparatio), et d’une mise en œuvre particulière (ou operatio), le traité indique comment parlementer avec un prince de l’altitude afin d’obtenir l’accomplissement de la « requête de son cœur (petitionem sui cordis) » (XIV, 2).
L’origine de ce texte, comme son auteur ou les possesseurs successifs, restent encore inconnus. Comme les autres manuscrits de magie rassemblés à ses côtés au sein des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, il est vraisemblable que ce document provienne des archives du Parlement de Bretagne. La mention d’un pape, oiseau de Louisiane connu en France seulement à partir de 1758, constitue le seul indicateur temporel sûr. Il a dû être saisi ensuite par la justice, au moins avant la dissolution du Parlement (1790) : après 1682, la sorcellerie ne fut plus considérée comme un crime pour la justice. Les prétendus sorciers pouvaient encore être poursuivis pour escroquerie ou tromperie, ce qui justifierait la présence de ce manuscrit au sein des archives judiciaires bretonnes d’Ancien Régime. Il est difficile d’en dire plus, car le Liber Hynotheon a été séparé de l’ensemble des pièces et des minutes du procès auquel il devait être lié. Son aspect « pittoresque » tout comme son intérêt « ethnographique » justifiaient qu’il soit mis en avant par les archivistes, mais ce déplacement s’est fait au prix d’une perte dommageable d’informations.
La source principale de ce texte semble être l’Ars Almadel, ou Almandal. Ce traité de magie rituelle est fameux : il servait à invoquer et à conjurer les anges par l’intermédiaire d’un autel de petite taille qui donne son titre au grimoire. Son nom indique une origine arabe, mais il aurait été conçu dans l’Iran ancien, voire même dans l’Extrême Orient. Après avoir été introduit en Europe, ses différentes avatars médiévaux ont été tout à fait christianisés. Selon Jean-Patrice Boudet, il existe deux versions principales de l’Ars Almadel, connues par au moins six manuscrits en latin, et deux traductions en allemand datant du XVe siècle. Dans la première version, la plus proche de l’archétype oriental, l’Almandal est constitué d’une plaque de métal, alors que dans la seconde version, l’autel est fait en cire. Ces texte furent maintes fois recopiés, et transformés, et les différentes versions circulèrent à travers toute l’Europe à partir du Moyen Âge. L’Almandal fut traduit en anglais, en hébreu ou en allemand, et finalement en français entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Le texte retrouvé aux Archives départementales constituerait ainsi une étape particulière au sein de la chaîne de transmission de l’Ars Almadel du Moyen-Âge jusqu’à l’époque contemporaine.
Selon toute vraisemblance, ce texte constitue la copie d’un prototype qui est aujourd’hui perdu. Les nombreuses corrections qui parsèment le manuscrit semblent indiquer en effet que le copiste ne comprenait pas très bien ce qu’il faisait. Seule certitude, le modèle principal de ce texte est une version inconnue de l’Ars Almadel, en tout cas dans le concept et les idées générales ; il s’agit très clairement d’une copie, notamment par rapport à l’usage des « noms divins ». Cependant, tout comme l’Almandal avait fait l’objet de réécriture et constituait un magnifique exemple d’un « profond processus d’acculturation » à partir d’un prototype arabe, l’élaboration de ce manuscrit s’apparente par de nombreux côtés à un « bricolage » au sens de Claude Lévi-Strauss. L’auteur s’est arrangé avec les moyens du bord qu’il avait à sa disposition pour construire son texte. Il a eu recours à des éléments recueillis ou conservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir » : des extraits des différents livres de la Bible, - Genèse, Psaumes ou Apocalypse -, des notes prises à partir de textes de magie rituelle, ou bien encore des concepts empruntés à Aristote ou à des traités de scolastique médiévaux.
Le Liber Hynotheon est principalement le résultat d’une réécriture de l’Ars Almadel, dans le but notamment d’accroître « l’efficacité des rites, ou bien de simplifier la tradition, voire de christianiser des rites demeurés suspects ». Cet effort d’adaptation n’a rien en soi de particulièrement original : fin connaisseur de l’Almandal en particulier, et des traités de magie salomoniques en général, Julien Véronèse a notamment mis en avant les différentes dynamiques à l’œuvre dans la transmission de ce genre de textes. Si le travail de réécriture des traités de magie est permanent, ce phénomène a abouti avec le Liber Hynotheon à la formation d’une œuvre originale et unique. Et si les différentes versions « canoniques » de l’Almadel ont déjà éditées, le manuscrit rennais est par contre encore inédit. Les rituels magiques latins attribués à Salomon ont déjà fait l’objet de multiples travaux, plus particulièrement sur la période qui s’étend entre Antiquité et Moyen Âge, mais le Liber Hynotheon permet de poursuivre la chaîne de transmission de ces textes jusqu’aux Lumières. Ultime avatar des traités de magie médiévaux, annonciateur des textes ésotériques, ce traité est révélateur des dynamiques transitionnelles à l’œuvre entre l’ère moderne et le monde contemporain.
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illis scientiam spiritus, sensu impleuit cor illorum, et mala et
bona ostendit illis. Par comparaison, on peut observer des ajouts de
la part de l’auteur du manuscrit (XI, 3 : secundum diuinitatem), ou
des lacunes (XI, 4 : dominatus (est) bestiarum et uolatilium ;
(creauit illis) scientiam spiritus). L’inspiration biblique est
des lacunes (XI, 4 : dominatus &lt;est&gt; bestiarum et uolatilium ;
&lt;creauit illis&gt; scientiam spiritus). L’inspiration biblique est
évidente, et les lacunes peuvent s’expliquer par des erreurs de
copiste. Cependant, nous ne pouvons pas totalement exclure la
possibilité que ces écarts soient parfois volontaires. Nous laissons
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56.</note>, par le diadème, &lt;c'est-à-dire&gt; la couronne de sa tête<note n="65"
place="bottom">Le texte latin, per diadema coronam sui capitis, est
obscur et doit vraisemblablement être complété : per diadema
(uidelicet) coronam sui capitis. Le diadème était l’insigne de la
&lt;uidelicet&gt; coronam sui capitis. Le diadème était l’insigne de la
royauté hellénistique, portée ensuite par certaines empereurs
romains, mais il ne constitue pas véritablement un attribut de la
divinité chrétienne, à la différence par exemple de la couronne
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