Observez par exemple cette phrase : « La femme embrasse le petit garçon. »
Comment savez-vous qui embrasse qui ? En français, c'est l'ordre des mots qui permet de savoir cela : en premier, nous avons le sujet, c'est-à-dire qui fait l'action (ici, la femme), ensuite, nous avons le verbe, puis l'objet, c'est-à-dire ce sur quoi ou sur qui porte l'action (ici, le petit garçon).
En espéranto, c'est la terminaison -n qui indique l'objet. On ajoute cette terminaison aux noms et aux adjectifs décrivant l'objet. Dans l'exemple précédent, on ajoute donc le -n à « petit » et à « garçon ».
- La virino kisas la malgrandan knabon.
La femme embrasse le petit garçon.
Cette façon de marquer l'objet permet d'avoir plus de souplesse dans l'ordre des mots. On peut donc dire, sans changer le sens de la phrase :
- La malgrandan knabon kisas la virino.
Dans ces deux phrases, c'est la terminaison -n qui indique l'objet de la phrase et non pas l'ordre des mots.
Regardez bien où se trouve la terminaison -n ! Toutes ces phrases signifient que la femme a embrassé le petit garçon, même si l'ordre des mots est différent.
Notez bien que l'adjectif aussi prend la terminaison -n, comme le nom qu'il qualifie : malgrandan knabon.
Les phrases suivantes ont toutes la même signification : La femme embrasse le petit garçon.
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La virino kisas la malgrandan knabon.
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La malgrandan knabon kisas la virino.
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Kisas la virino la malgrandan knabon.
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Kisas la malgrandan knabon la virino.
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La virino la malgrandan knabon kisas.
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La malgrandan knabon la virino kisas.
La terminaison -n est appelée accusatif.
Attention : dans une phrase telle que Li estas knabo. (C'est un garçon), « knabo » ne prend pas l'accusatif, car ce n'est pas ici un objet sur lequel porterait une action, mais un attribut du sujet.
Il en est de même pour les verbes : paraître, sembler, devenir, rester. Il n'y a pas d'accusatif avec ces verbes.
Quand un mot à l'accusatif est au pluriel, la terminaison -n de l'accusatif est placée après la terminaison -j du pluriel.
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Mi manĝas bonajn kukojn.
Je mange des bons gâteaux. -
Mi vidas la belajn pomojn.
Je vois les belles pommes.
Les pronoms, tout comme les noms, peuvent aussi prendre la terminaison -n de l'accusatif. Notez qu'en français, nous avons aussi des pronoms différents selon qu'il sont employés comme sujet ou comme complément d'objet.
sujet (espéranto) | objet (espéranto) | sujet (français) | objet (français) |
---|---|---|---|
mi | min | je | me |
vi | vin | tu, vous | te, vous |
li | lin | il | le |
ŝi | ŝin | elle | la |
ĝi | ĝin | il, elle (neutre)* | le, la |
ni | nin | nous | nous |
ili | ilin | ils, elles | les |
Le pronom ĝi est utilisé pour les choses, les animaux, les bébés ou les enfants.
Quand en français, on dit « merci », cela est une façon abrégée de dire « je vous remercie ».
En espéranto, c'est un peu la même chose : lorsqu'on dit dankon (merci), c'est en fait une forme abrégée de Mi diras al vi dankon. C'est pourquoi, on trouve ici le -n de l'accusatif, comme vous pouvez le voir dans les exemples ci-dessous.
- Dankon = Merci
- Saluton! = Bonjour !
- Feliĉan novan jaron! = Bonne année ! (littéralement, cela signifie « Bonne nouvelle année », mais en français, on dit plus couramment simplement « Bonne année »)
Les noms qui suivent une préposition se terminent normalement par un simple -o (ou -oj au pluriel). D'autres terminaisons seront expliquées plus tard dans le cours.
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La virino estas en la kafejo.
La femme est dans le café. (en français, on dira plutôt « au café ») -
Ni iras al la parko.
Nous allons au parc.
En français, on peut employer l'article défini pour parler d'une espèce, d'une chose en général. Mais dans ce cas, on n'emploie pas l'article en espéranto.
- Ŝi ŝatas ĉokoladon. Elle aime le chocolat. (Ici, on parle du chocolat en général.)
Homoj ne manĝas katojn. Les hommes ne mangent pas les chats. (Il ne s'agit pas de certains hommes ni de certains chats en particulier, mais des hommes ou des chats considérés comme un ensemble.)